Episode #82 - Bertrand Piccard, Solar Impulse

Bertrand Piccard est le premier homme à avoir fait le tour du monde en ballon sans escale. C’est d’ailleurs à l’issue de ce record du monde, battu in extrémis puisqu’il restait que quelques litres de carburant dans le ballon, qu’il a eu l’idée d’imaginer un avion solaire qui puisse voler aux énergies renouvelables.

L’incroyable aventure de Solar Impulse est justement celle que Bertrand Piccard nous raconte !

Non seulement il partage avec nous les coulisses de ce tour du monde à bord de cet avion incroyable, mais il décrit également tout ce qu’il a vécu durant ces vols.

Une aventure des plus inspirante et surtout remplie de sens - car même si aujourd’hui cet avion reste un prototype, l’aventure Solar Impulse a prouvé que c'était possible !

Très bonne écoute !

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[EXTRAIT 🎤 ]

- La façon dont vous avez pensé cet avion est à l'opposé de tout ce qui se faisait jusqu'à présent dans l'aviation en fait ?

Oui parce que quand j'ai contacté les premiers constructeurs aéronautiques, ils m'ont dit "c'est impossible de faire voler un avion jour et nuit parce qu'il n'y a pas assez d'énergie venant du soleil pour ça." Et ça montre bien le paradigme erroné dans lequel fonctionne notre société. On veut toujours produire plus. Et si la production ne suffit pas, on se dit que ça ne va pas marcher. Alors que c'est l'inverse qu'il faut faire.

Il faut voir ce qu'on peut obtenir comme énergie et s'adapter à cette quantité d'énergie. C'est-à-dire augmenter l'efficience pour pouvoir diminuer la consommation. Alors il a fallu 5 minutes pour savoir qui avait pas assez d'énergie donné par le soleil, et 3 ans pour concevoir un avion qui pourrait voler malgré ce peu d'énergie qui nous arrivait. Donc c'est pour ça qu'on avait ces grandes ailes. C'est pour ça qu'il y avait une vitesse très faible. C'est pour ça que l'avion était très léger. Vous imaginez un avion qui fait l'envergue d'un jumbo-jet, ou même plus, et qui fait le poids d'une voiture familiale. Donc tout ça c'était extrêmement compliqué. Donc c'était un défi immense pour nos ingénieurs. Et ce qui est fascinant, c'est que les seuls qui ont accepté de construire cet avion, c'est un chantier naval. L'industrie aéronautique disait "on ne peut pas faire ça. C'est pas possible. Ça sort du domaine de vol, des avions qu'on connait." Et le patron du chantier naval lui il ne savait pas que c'était impossible, donc il n'avait pas de filtre. Pour lui c'était pas une impossibilité, pour lui c'était un défi. Comment est-ce qu'on va pouvoir appliquer les techniques de fibres de carbone qui sont bien connues dans le yachting, dans les bateaux de courses, comme la Coupe d'America, pour pouvoir les transposer sur un avion. Et il a réussi de manière admirable.

- Oui parce c'est aussi se dire que parfois, quand on est spécialisé, on a des oeillères, parce qu'on a été formaté à réfléchir d'une certaine manière et puis on se remet pas suffisamment en question. On a peut-être pas cet esprit d'aventure ?

Mais c'est vrai ! C'est important d'avoir des connaissances, c'est important de se spécialiser dans un certain nombre de choses, mais à condition de ne pas perdre de vue l'ensemble. Et trop souvent, les spécialistes sont comme sur une une ligne toute droite, une route, et il ne voit ce qu'il y a à gauche et à droite. Et quand tout à coup il y a un obstacle, il s'écrase, et il se demande pourquoi la vie est tellement difficile. Au lieu de se demander pourquoi ils sont pas prêts pour la vie.

Alors la manière de se préparer pour la vie, je pense, et là la psychologie de l'explorateur est fondamentale, c'est de voir qu'il y a des routes qui vont dans toutes les directions. Il y a toutes les manières de penser différentes. Il faut explorer toutes les visions du monde. Toutes les manières de faire et de penser. Et puis ensuite on regarde laquelle va nous convenir. C'est la métaphore que j'aime beaucoup faire avec le vol en ballon. En ballon, on est poussé par le vent et on est prisonnier du vent tant qu'on ne change pas d'attitude. Dès qu'on change d'altitude, on trouve des courants météorologiques sur une autre direction et une autre vitesse. Donc pour se diriger ou changer de direction, il faut changer d'altitude et pour ça il faut lâcher du lest, pour s'alléger et monter. Et dans la vie, c'est la même chose. Dans la vie, il faut lâcher le lest de nos certitudes, de nos habitudes, de nos croyances, de nos dogmes, de manière à pouvoir capter d'autres influences, d'autres compréhensions, d'autres visions du monde qui vont forcément nous aiguiller dans d'autres directions.”

Bertrand Piccard

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